Bruxelles imposera bientôt un upgrade énergétique de votre habitation tous les 5 ans

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Laureline Bragard ✍️

Laureline Bragard ✍️

Experte Immo' à Bruxelles

Nous l'avons plusieurs fois évoqué, tout le parc résidentiel européen et européen devrait afficher un PEB "C" (ou moins) d'ici 2050. La Belgique s'est d'ailleurs engagée à ce que chaque habitation ait un score énergétique de A+, A ou B. D’ici là, et pour atteindre ces objectifs, les propriétaires bruxellois devront faire des travaux tous les 5 ans pour upgrader leur bien. Un plan d’action stratégique a été désormais adopté et c'est au rôle du futur gouvernement bruxellois de l’implémenter. Comment et avec quels moyens ? C'est ce que nous allons découvrir

Source: L'Echo

Le parc immobilier bruxellois étant relativement ancien, la plupart des bâtiments sont de véritables passoires énergétiques -un ancien bâtiment consomme en moyenne 80% d'énergie de plus qu'un nouveau- responsables à eux seuls de deux tiers des émissions de gaz à effet de serre.

L’amélioration des performances énergétiques est donc tout sauf un luxe. C’est LA priorité absolue, sachant que l’Union européenne impose aux pays membres une réduction de 35% de leurs émissions de gaz à effet de serre déjà d’ici 2030. Dans ce contexte, la rénovation du bâti fait l’objet d’une stratégie spécifique au niveau des Régions.

C’est dans cette perspective que Bruxelles Environnement a présenté un ambitieux plan pour la Région bruxelloise. "La stratégie a été adoptée définitivement. C’est un plan d’action, pas encore une réglementation. Il reviendra au nouveau gouvernement de confirmer ses intentions et de donner le ‘go’", indique Bruxelles Environnement, qui voit toutefois mal comment on pourrait faire marche arrière. "La Région n’a pas le choix. Elle doit agir de façon déterminée pour donner une impulsion à la rénovation."

Qu'est-il prévu ?

D’ici 2025, tous les bâtiments bruxellois devront disposer de leur certificat PEB, indépendamment de toute transaction immobilière. Actuellement, ce document, qui dresse un diagnostic du potentiel énergétique du bâtiment et lui octroie une classification de A à G, n’est uniquement demandé lors d'une mise en vente/location, et les conseils qui y sont joint sont encore peu exploités. À l’avenir, il servira de base à l’établissement d’un plan de rénovation personnalisé pour chaque bâtiment.

Cette "feuille de route" comprendra un diagnostic en 5 volets: audit de l’état physique du bâtiment, étude de sa dimension urbanistique et patrimoniale, analyse de la dimension "énergie" et des composantes environnementales (acoustique), et prise en compte de l’usage réel du bâtiment au moment du diagnostic. L’incidence financière des travaux de rénovation devrait être chiffrée.
Ceci n'est pas sans faire penser à l'audit énergétique désormais imposé en région Wallonne afin de bénéficier de primes.

Le propriétaire disposera donc d’une liste de mesures prioritaires à mettre en œuvre pour améliorer la performance énergétique de son immeuble. Isolation de la toiture, des murs, des sols, remplacement des châssis ou du système de chauffage, production d’énergie renouvelable, etc.

À partir de 2030, le propriétaire d'un bien devra réaliser une mesure au choix, tous les 5 ans, afin que son immeuble atteigne l’objectif PEB fixé pour sa typologie en 2050. En l’occurrence, arriver à la catégorie C du certificat PEB (alors qu’en Wallonie on vise une catégorie A après rénovation). Un objectif  ambitieux mais atteignable sans pour autant devoir envisager de la rénovation très profonde, commente Bruxelles Environnement.

Qu'en est-il actuellement ?

Aujourd’hui, une habitation moyenne décroche un score énergétique D, E, voire moins… Quand on envisage des travaux – que ce soit pour mettre le bien à son goût et/ou pérenniser l’investissement –, il est donc impératif d’intégrer systématiquement la composante environnement.

Toutefois, selon l’architecte Fabrizio Trobbiani, le phasage tel qu’il est envisagé (des menus travaux tous les 5 ans) n’est pas la stratégie optimale"C’est en effet la méthode la plus coûteuse. Il est préférable de faire directement une rénovation complète en mettant le paquet pour être tranquille, et d’affiner éventuellement par la suite. Les premiers kilowatts épargnés sont très faciles à atteindre. Les 5 premiers centimètres d’isolation, par exemple, sont les plus efficaces. Après, cela diminue", explique-t-il.

"Il est en effet essentiel de penser la rénovation globale à chaque étape", confirme Bruxelles Environnement. En effet, si vous refaites la toiture pour l’isoler, sans tenir compte du fait que dans dix ans vous seriez amené à refaire la façade, vous risquez d’être confronté à des "Lock-in" techniques.

Que les propriétaires qui ont prévu de faire des rénovations à brève échéance se rassurent. Les techniques et matériaux utilisés aujourd’hui sont déjà aux normes. Ils seront donc tranquilles jusqu’en 2050, assurent les experts qui recommandent toutefois de se faire accompagner par des professionnels pour éviter les déconvenues.

Quel impact sur le marché immobilier ?

Cet ambitieux programme de rénovation ne sera pas sans incidence sur le marché immobilier, indiquent les spécialistes. Les maisons qui sont aux normes seront très prisées tandis que le prix de celles qui sont restées dans leur jus risque de chuter.

Si aujourd’hui, on est bien plus sensible au charme d’une maison qu’à son éventuel piètre PEB ‘G’, le jour où le certificat PEB sera contraignant, cela aura clairement une influence sur les prix immobiliers. L’acheteur se rendra compte des investissements qu’il devra faire à court ou moyen terme et mesurera l’ampleur du budget à prévoir en plus du prix d’achat. Les maisons qui sont aux normes seront très prisées tandis que le prix de celles qui sont restées dans leur jus risque de chuter, prévoient les spécialistes du secteurs de l'immobilier et de la construction.

Par ailleurs, l’instauration de telles règles et normes, plus complexes, risque de jouer en faveur des investisseurs professionnels qui maîtrisent mieux le sujet et  qui ont une force de frappe financière plus conséquente.

Les autorités, conscientes de la nécessité de prévoir un accompagnement et un encadrement des particuliers, ont donc prévu d'amplifier les dispositifs d’aide existants : primes énergie, primes à la rénovation, guidance assurée par Home Grade, le Réseau habitat ou des guichets communaux. Le prêt vert sera étendu à davantage de bénéficiaires permettant aux propriétaires de faire tous les travaux en une fois plutôt que de phaser. Enfin, un dispositif spécial sera également prévu pour les copropriétés.


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